Jakarta et les épaves ne font pas bon ménage |
Le chantier de fouilles d'une épave en mer de Java se voulait exemplaire pour sa coopération entre les autorités indonésiennes et des plongeurs étrangers. Au final, l'opération débouche sur un trésor fabuleux mais aussi des arrestations et une minicrise diplomatique. Deux plongeurs professionnels, un Allemand et un Français, ont en effet été interpellés puis placés en détention cette semaine à Jakarta. Jean-Paul Blancan (le Français) et Fred Dobberphul (l'Allemand) sont accusés d'avoir « déplacé des trésors nationaux sans autorisation >>.
Il s'agit en l'espèce de la cargaison d'un navire coulé à l'époque des Cinq Dynasties chinoises (907-960) par environ 55 mètres de fond au large de Java. Selon la police les deux scaphandriers encouragent de cinq à dix ans de prison. Les pièces sorties de la mer ont été immobilisées dans un entrepôt près de Jakarta gardées par les forces de l'ordre. Les ambassades d'Allemagne et de France à Jakarta ont affirmé que leurs deux ressortissants travaillaient avec tous les permis requis, dans une lettre commune publiée par la presse. La chancellerie française avait envoyé une note de protestation au gouvernement indonésien en évoquant une arrestation arbitraire >>. Selon les ambassades, la campagne de fouilles disposait d'autorisations écrites de « toutes les administrations concernées >>, soit pas moins de onze ministères. De son coté le directeur de la société basée à Dubai employant les plongeurs, Luc Heymans, de nationalité belge, a protesté violemment contre les « actions totalement illégales de la police indonésienne, dans le seul mais de nous ravir notre projet à des fins bassement matérielles et non pas afin de préserver le patrimoine national indonésien. La version des faits donnés par la police omet de préciser que les deux hommes travaillaient ouvertement sur une excavation qui a suscité des reportages de presse, soit l'opposé d'un chantier sauvage comme il s'en pratique tant autour de l'archipel indonésien . Cette transparence affichée a été saluée par des archéologues indépendants et M. Heymans affirme avoir transmis chaque semaine aux autorités toutes les données sur toutes les pièces extraites. Adi Agung, le partenaire indonésien de l’opération, pense qu’une “partie extérieure tente de s’emparer des richesses remontées” qui suscitent bien des convoitises dans un des pays les plus corrompus du monde. Il faut dire que celles-ci sont exceptionnelles : 250.000 porcelaines et céramiques, des objets en bronze ou en or apportés par des marchands arabes et des milliers de perles, rubis, saphirs et grenats. La tournure prise par l’affaire inquiète également la communauté scientifique. Le Musee royal de Mariemont (Belgique), qui a depuis le debut apporté son expertise au groupe de plongeurs archéologues, a exprimé sa << vive préoccupation >> dans un courrier officiel. Source : L’Est Républicain |